Congrès 2011, 3 et 4 décembre, Paris
Sophrologie sans frontières
des outils pertinents pour de nouvelles attentes
Le temps n’est plus -si tant est qu’il ait jamais existé- où la sophrologie paraissait devoir se cantonner à un territoire relativement limité ,dominé par la lutte anti-douleur et la gestion du stress sur le versant sophrothérapie, par la relation d’aide et le développement personnel sur le versant de la sophrologie sociale .
Aujourd’hui, il semble que ses frontières doivent exploser de toutes parts, tant nous sommes sollicités par des demandes qui débordent sur tous les fronts , qu’il s’agisse des problèmes de l’adolescence qui remettent en cause le système familial, des mutations du monde du travail de plus en plus pesant dans la mesure même où il se trouve désinvesti, du vieillissement de la population qui fait apparaître de nouvelles pathologies en même temps que de nouveaux besoins en termes d’environnement , du bouleversement de la société même où le mélange des populations et des cultures soulève des conflits qui trouvent leur écho au niveau individuel .
Mais une chose est d’être sollicités – et nous le sommes, en tant que sophrologues, de plus en plus ,une autre tient dans la réponse que nous sommes capables d’apporter à ces nouvelles demandes-ce qui pose la question de la pertinence de nos outils.
Ce sera donc notre propos pour ce prochain congrès de nous interroger ensemble à la fois sur la légitimité de ce dépassement de nos frontières et la pertinence des outils dont nous disposons pour y faire face.
Comme chaque année ,le congrès se compose de 4 demi-journées, chacune se voyant attribuer un thème pour lequel nous souhaitons votre contribution.
1re demi-journée :les problématiques familiales
L’approche de l’adolescent ne représente en quelque sorte que la partie la plus visible de cette problématique, et il n’est pas évident que ce soit celle pour laquelle nous soyons le mieux armés …sauf preuve du contraire ;
Par contre, nous croyons savoir que certains d’entre nous ont des expériences très intéressantes auprès des enfants ,et nous aimerions les entendre .
Il semble surtout que nous ayons notre « mot à dire » là où le corps joue un rôle essentiel , soit dans le rapport féminin-masculin, les nouvelles formes de parentalité dont la parentalité homosexuelle, le désir d’enfant avec ce qu’il peut entraîner d’acharnement thérapeutique au détriment du désir.tout court .
Mais pourrait être abordé également le thème de l’aide que nous pouvons apporter à l’un ou à l’autre des membres d’une famille traversant des périodes critiques :séparation, chômage, maladie, dépressivité maltraitance, deuil…
2e demi-journée : les transformations du monde du travail
Il s’agit moins, à notre avis, de décliner une fois de plus le thème de la souffrance au travail que d’explorer les contradictions qui résultent de l’évolution du travail lui-même :
- un sentiment de dépendance vis-à-vis de l’entreprise lié à la peur de la précarité et à la crainte du chômage
- un désintérêt pour cette même entreprise compte tenu du relâchement des liens sociaux ,mais aussi d’un émiettement du travail qui lui enlève toute valeur concrète
- mais en même temps l’évidence de continuer à se définir et à se construire à travers sa valeur-travail comme signe de compétence et d’utilité.
- Il nous semble que les sophrologues qui se sont orientés sur ce monde de l’entreprise auraient beaucoup à nous dire sur la façon dont ils parviennent à définir leur rôle entre la gestion des conflits et la défense des individus.
3e demi-journée : La personne dépendante et son entourage
Peut-être le «créneau » le plus porteur dans les années qui viennent, compte tenu du renversement de la pyramide des âges, et des progrès même de la thérapeutique qui augmentent les chances de survie en même temps que la probabilité des handicaps .
D’une part ,il va falloir vivre avec ces pathologies au long terme,et nous savons que certains et certaines d’entre vous ont développé des méthodes d’approche de la maladie d’Alzheimer, mais également de suites d’AVC ou de pathologies chroniques comme la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson.
D’autres ont utilisé dans les maisons de retraite, mais aussi dans les centres de rééducation des techniques notamment issues de la RD2 de nature à permettre à la personne dépendante de se réconcilier avec le passé , et d’appréhender le présent autrement que comme une non-vie ou préparation à la mort .
D’autres enfin s’intéressent aux proches des personnes dépendantes, que ce soit au titre de l’âge ,du handicap mental ou moteur, pour lesquels l’apport de la sophrologie peut alléger la lourdeur de la tâche et le sentiment d’impuissance qu’elle peut parfois engendrer .
4e demi-journée : Les difficultés d’une société en mutation
Sans prétendre les aborder de façon exhaustive ,nous pouvons essayer de nous concentrer sur celles qui nous interpellent particulièrement :
- l’arrivée de nouveaux patients ou demandeurs d’aide issus d’autres cultures de sorte qu’ils nous invitent à entendre leur discours et adapter nos méthodes, ne serait-ce qu’en reconnaissant à quel point la perte d’une langue maternelle, même jamais parlée, peut faire figure de trauma.
- la prise en compte de nouveaux questionnements relatifs à l’identité sexuelle et des conséquences qu’ils entraînent.
- Il y a surtout une société du malaise, qui ne parvient pas à concilier un désir de changement avec le principe de précaution qui la gouverne, des situations d’intense solitude avec la fréquentation effrénée des réseaux sociaux, et qui ne sait trop quoi mettre à la place de ce goût de consommer qui l’a tenue en surface ces cinquante dernières années .
Autant de conjonctures qui échappent aux cadres habituels et pour lesquelles la parenthèse phénoménologique s’impose si nous ne voulons nous y enliser.
Les Actes du congrès sont disponibles aux éditions L’Harmattan.