Rencontre avec Gaëlle PITON
Danser sa vie
Chère Gaelle bonjour.
Vous êtes sophrologue, instructrice en méditation en pleine conscience, coach et auteure.
Vous avez donné en décembre 2019 une conférence TED X intitulée « Danser sa vie » et c’est ce titre que j’ai envie de mettre à l’honneur pour offrir à nos lecteurs de découvrir et partager votre vision de la sophrologie comme outil pour se mettre en mouvement au sein même de sa vie !
Racontez-nous votre parcours.
Mon rêve était d’être danseuse ou plutôt de danser, et c’est avec patience que je l’ai finalement, d’une certaine manière, accompli.
Mais pas en tant que danseuse professionnelle… Fille d’institutrice et par ailleurs bonne élève, je suis encouragée très tôt à poursuivre mes études et c’est ainsi que je prépare un doctorat en danse et littérature en lettres modernes à la Sorbonne à l’issue de classes préparatoires hypokhâgne/khâgne.
En un premier temps j’exerce dans le milieu artistique et chorégraphique car la danse est ma passion.
Je suis chargée de production et dans le cadre de mon travail, j’accompagne de nombreux artistes.
Je suis également journaliste, spécialisée dans le domaine de la danse et j’anime toutes les semaines en direct une émission de radio sur le sujet.
C’est dans ce contexte que je rencontre la sophrologie en consultant une sophrologue pour mieux gérer mon stress, le direct étant très exigeant.
L’effet est immédiat. Je découvre ici un outil qui passe par le corps et le met en mouvement, présente une grande efficacité et renforce l’autonomie. Je suis alors convaincue de son utilité pour les artistes que j’accompagne et c’est ainsi que je décide de me former !
Crédit photo @Laure Villain
Où vous formez-vous, Gaelle ?
En 2011, à l’Académie de Sophrologie de Paris du Docteur Patrick-André CHÉNÉ. En complément, pour moi indispensable, je me forme en méditation de pleine conscience.
Vous vous êtes également formée en coaching ?
Oui, cela m’a permis d’assoir ma posture en relation d’aide et d’approfondir ma compréhension des enjeux inhérents à la relation à l’Autre. J’aime aussi cette activité, très complémentaire de la sophrologie.
Justement, quelle est votre vision de la sophrologie ?
La sophrologie me correspond car elle est cohérente. Il y a une épistémologie, une technique et une déontologie, ce qui séduit l’universitaire que je suis.
Elle est aussi proche de l’artistique et, comme lui, propose à chacun de poser un nouveau regard sur les choses, offrant la possibilité de changer les perspectives à venir et ce très librement.
J’aime aussi sa grande accessibilité qui en fait une contribution simple et facile à toute quête de sens dans l’existence.
Dans l’exercice de mon travail, mon désir est celui du partage et de la mise en mouvement : donner l’élan qui fait cheminer vers la joie, remettre l’individu au centre de sa vie par le mouvement de la conscience.
Cette vision est déjà en soi une transmission. Comment en êtes-vous venue à exercer au cœur même d’un collège en Seine-Saint-Denis ?
J’ai d’abord commencé à exercer à Paris dans un centre partagé avec d’autres praticiens mais très rapidement, alors que je réside à Saint-Denis, je suis sollicitée par la Ville de Saint-Denis, qui me propose un marché de lutte contre la violence à l’école. C’est par ce biais que je suis amenée à travailler au collège Dora Maar.
L’objectif est alors de mener une expérimentation in vivo permettant de comparer l’efficacité de ces deux méthodes, à savoir la sophrologie et la méditation de pleine conscience, auprès des élèves.
Il se trouve que vous disposez de la double compétence, sophrologue et instructrice en méditation de pleine conscience.
Exactement et tant le sujet que les conditions de l’expérience m’intéressent vivement !
Si, très vite, les conditions de cette expérimentation se révèlent trop compliquées pour permettre une étude scientifique au sens strict du terme, les premiers résultats sont néanmoins observables rapidement par des adultes, tant les enseignants que les parents.
Le comportement de ces enfants, en difficulté et parfois même en décrochage scolaire, s’améliore progressivement. Le nombre de bagarres diminuent et le taux d’absentéisme baisse.
Je mesure à travers cette expérience la grande adaptabilité de la sophrologie ! L’année suivante, j’interviens également auprès des enseignants.
Vous dites que ce qui permet l’expérience, c’est le corps. Pouvez-vous développer ?
Dans le sensoriel, le corporel, il y a une toute autre expérience à vivre et à acquérir qu’il faut savoir écouter.
Redonner la place au corps est ce qui va nous mettre en mouvement. Écouter son corps est un apprentissage, une compétence qui s’acquiert et pour laquelle il faut déclencher la pratique et vivre l’expérience.
Dans mon vécu, il n’y a de transformation autrement que par l’expérience du corps.
Comment vous définiriez-vous ? Comme une éveilleuse de conscience qui aide les personnes à mettre leur vie en mouvement ou comme une sophrologue tout-terrain ?
Rires. Les 2 !
On peut dire que je suis aussi cette sophrologue qui accepte d’aller puiser dans ses zones d’ombre.
Il me semble indispensable aussi d’aller voir tous les aspects de soi. On ne peut pas irradier ce que l’on n’a pas éclairé.
C’est vrai que les pièges sont nombreux et que l’égo guette, toujours en quête d’une récupération. Comment procédez-vous ?
Je me fais superviser pour interroger mes limites, mes capacités et mes incapacités.
Parfois, un vécu nous rappelle le nôtre, alors comment l’accueillir et le transformer pour être au diapason de sa réalité, objectivement ?
Pour moi, il s’agit de savoir ce que l’on incarne dans son humanité.
Quelle est votre valeur fondamentale, la clé de voute de votre équilibre ?
La cohérence.
La persévérance aussi, car elle donne la force de savoir que même dans l’espace le plus contraint il y a toujours des choses qui dépendent de nous !
Gaëlle, en somme, à travers la sophrologie, l’écriture et la méditation, vous avez trouvé le moyen de danser votre vie… Pouvez-vous nous offrir un mot de fin qui évoque ce mouvement permanent ?
La sophrologie autorise un retour à soi pour déployer ses ailes dans un double mouvement tel le papillon, de soi à soi et de soi à l’autre.
Gaëlle merci et belle envolée !
Propos recueillis par Judith Dumas
Site internet de Gaëlle PITON : www.gaellesophrocoach.com