Rencontre avec Laurence ROUX-FOUILLET
Bonjour Laurence,
Je vous ai découvert en 2009 avec la lecture de votre premier livre « La sophrologie au féminin » paru en 2008 aux éditions Presse de la Renaissance, et je savoure souvent vos prises de position sur les réseaux sociaux, par votre humour autant que votre verve.
C’est donc un immense plaisir pour moi d’offrir à nos lecteurs cette rencontre avec vous.
Pouvez-vous nous parler de votre rencontre avec la sophrologie ?
Avec plaisir !
Initialement, je suis une communicante et j’ai travaillé pendant 13 ans en agence de marketing et communication.
J’étais surtout spécialisée dans le secteur de la santé et de l’industrie pharmaceutique, puis ultérieurement dans le domaine du handicap.
Ce métier comporte beaucoup d’enjeux, beaucoup d’aléas, de rencontres, d’échéances à respecter… je subissais beaucoup de pression.
À l’époque (c’était en 1993) je cherchais quelque chose pour moi, une solution pour gérer toute cette charge mentale et le stress que j’en éprouvais.
Un peu plus tard, alors que je venais d’avoir mon premier enfant, j’ai constaté que je ne la voyais jamais et que je la trimbalais de garderies en nounous…. J’ai commencé à engager une réflexion, non pas dans une optique de reconversion mais plutôt sur ce que je recherchais vraiment.
Je me suis demandée « qu’est-ce que j’ai envie de faire dans les 10 prochaines années et surtout comment ? »
Vous avez donc réfléchi à votre projet de vie ? En somme, une réflexion existentielle très… sophrologique (rire).
Exactement !
Durant mon expérience professionnelle, j’avais longuement observé des comportements, identifié des profils de personnalité et des manières d’être au monde et de vivre le monde de l’entreprise.
J’ai été témoin de situations de stress et même de burn-out et je me suis intéressée aux possibilités d’y faire face tout en préservant son autonomie, son énergie et ses limites.
J’ai pris le temps d’étudier différentes options : l’EFT, le coaching, la sophrologie…
Et c’est finalement elle que j’ai retenu.
Et pourquoi ce choix, Laurence ?
Parce qu’intellectuellement, je comprenais comment cela fonctionnait !
Je suis une femme pragmatique. Si je peux comprendre la sophrologie, alors je peux l’expliquer, et la transmettre.
La méthode sophrologique ne tient pas à des « intuitions » mais possède des bases solides tout en offrant une grande liberté d’adaptation des protocoles dans le respect des possibles des personnes et des contraintes de leur environnement.
Je suis donc allée pratiquer une sophrologie Caycédienne. Cette approche, très phénoménologique, ne correspondait pas à ma propre dynamique.
J’ai donc choisi l’institut CASSIOPEE et ce choix m’a ravi, par la douceur du lieu où se donnent les cours, qui est très apaisant.
Par la vision portée, respectueuse de ma dynamique d’ouverture et de ma créativité, mais aussi et surtout par la qualité de l’enseignement reçu, la personnalité et le professionnalisme des fondateurs de l’école, Sandra et Olivier STETTLER que je veux ici remercier.
À l’époque (nous sommes en 2002) Je me suis dit « je me forme et je verrai après ».
Puis, je suis tombée enceinte de mon deuxième enfant, mon « bébé Bouddha » comme je l’appelle souvent… Cet état spécifique de la grossesse m’a profondément imprégné d’un désir de calme, d’apprendre à instaurer le calme simplement, efficacement, dans les situations du quotidien.
J’ai alors créé un cours collectif de relaxation dans ma commune et c’est ainsi que l’aventure a commencé !
C’est donc bien une expérience de vie que j’entends là, Laurence. Comment en êtes-vous venu à faire de la sophrologie votre métier ?
D’abord parce -que je ne m’amusais plus dans ce que je faisais !
Je suis très animée par la joie, la stimulation que me procure mon activité professionnelle. J’aime que ce que je fais me tienne éveillée !
Je me permets, Laurence, vous êtes en effet aussi pétillante qu’une bouteille de champagne !
Merci.
Pour répondre à votre question, ce sont les participants de l’atelier collectif qui m’ont mis « le pied à l’étrier », en me sollicitant sur des problématiques concrètes : le stress au travail, le sommeil, etc… pour lesquelles une réponse individuelle était nécessaire.
C’est ainsi que j’ai ouvert mon premier cabinet à Boulogne-Billancourt en 2005.
Comment avez-vous évolué dans votre pratique et quelles sont aujourd’hui vos spécificités ?
Je suis très fière de mon métier, vous savez ! Je suis une sophrologue du quotidien et mon approche est pragmatique.
Progressivement, je me suis autorisée à adapter les protocoles, d’abord parce-que je les connais, que je sais comment ils fonctionnent et donc aussi comment les varier et les adapter sans perdre en efficacité et en cohérence et tout en restant dans le respect de la méthode.
Je me souviens d’une anecdote en particulier. Un jour, j’avais préparé une SDB pour un cours collectif et j’avais introduit dans mon logos tout une partie sur la détente du cuir chevelu, la masse des cheveux, leur chaleur, etc… Une femme est arrivée avec un foulard sur la tête et très vite, j’ai compris qu’elle n’avait plus de cheveux… Ce jour-là j’ai dû adapter mon logos « en live ».
Pour moi, l’apport immense de la sophrologie réside dans ce que l’on est en train de vivre, là, dans notre réalité quotidienne, objective.
Moi-même je ne suis pas exempte des difficultés que la vie nous fait rencontrer et la question est comment je m’y adapte ?
Je travaille ainsi beaucoup avec le monde de l’entreprise. Le confinement, le télétravail et les incertitudes économiques actuelles imprègnent les salariés et les bousculent aux plans physique, psychique et émotionnel.
La sophrologie permet aux personnes de « corporaliser », c’est-à-dire de vivre dans et avec la réalité du corps senti, du corps sentant.
Et puis la sophrologie est émotionnelle aussi. Dans bien des situations il y a nécessité non pas seulement de comprendre mais aussi d’intégrer, pour ensuite renforcer ses ressources et se renouveler.
Je travaille ainsi beaucoup autour du lâcher prise pour l’accompagner vraiment.
Fidèle à mon approche pragmatique, je prends en considération dans l’anamnèse l’environnement de la personne : ses rythmes sociaux, son cadre et ses conditions de travail, son écosystème… il n’y a pas de séance type.
En matière d’adaptation réelle et concrète, je préfère la notion de maîtrise plutôt que de contrôle.
On ne peut pas contrôler, notamment son environnement, mais l’on peut travailler autour de ses ressources afin de maîtriser c’est-à-dire de créer du lien entre soi, l’intérieur et l’environnement, l’extérieur.
Je prends par exemple la charge mentale : comment gérer les pensées ? Comment sortir d’un état d’hypervigilance, cesser d’être en alerte permanente ?
Il y a des techniques permettant d’abaisser la vigilance. Par leur apprentissage concret, par la répétition, l’entraînement, les personnes parviennent à progresser tout en renforçant leur autonomie.
C’est tellement stimulant d’observer les progrès des personnes accompagnées ! Je les vois reprendre en main les rênes de leur vie, non pas subir mais choisir, cela même dans un environnement contraint. C’est la liberté adaptée à la réalité objective de la contrainte et cela me passionne !
Vous faites aussi de la supervision, Laurence, qu’observez-vous des difficultés actuelles des sophrologues et notamment ceux qui s’installent ou sont récents dans l’activité ?
La sophrologie est une matière vivante, humaine. Ce n’est pas un ensemble de protocoles organisés en séances programmées que l’on déroule mécaniquement !
Les personnes viennent à nous, sophrologues et parce que c’est de l’humain il y a des blocages, des émotions, des progrès et des régressions, des réactions aussi… et il faut y être préparé.
Car on est confronté à l’Autre et donc à Soi aussi ! Il faut se connaître, se reconnaitre pour être capable d’accueillir chez l’autre tous ces débordements.
De mon point de vue, pour y réussir, il faut avoir un projet professionnel ancré dans un projet de vie et qui peut aussi s’inscrire dans un projet familial. C’est une chose sérieuse en somme.
C’est une vision que je partage ! Merci Laurence pour la richesse de cet échange. Avant de conclure, pouvez-vous dévoiler à nos lecteurs le titre de votre prochain livre ?
Oui volontiers. Mon prochain livre est paru mi-avril chez Larousse essai. Il s’appelle « perfectionnisme mon meilleur ennemi » et son écriture m’a beaucoup apporté !
Je rappelle aussi que vous enseignez à l’institut CASSIOPEE sur la spécialisation “Sophrologie et entreprise” avec une approche innovante et très concrète.
Laurence merci et belle continuation !
Propos recueillis par Judith Dumas
Site internet de Laurence ROUX-FOUILLET : https://www.espaceducalme.fr/