1 thème, 6 questions, 3 sophrologues
Respirer – Agathe Delisle
Le cœur battant de cette rubrique est dans le titre : un thème cher à la philosophie de notre métier est choisi ; 6 questions sont posées en forme de fil conducteur ; 3 sophrologues y répondent + 1 membre du conseil d’administration de la SFS.
Pour introduire le congrès, Marcella a cette fois choisi Respirer
Agathe DELISLE, sophrologue, psychologue, neuropsychologue, formatrice, auteure
Respirer, ce verbe dont nous ne pourrions pas nous passer puisque notre respiration nous tient en vie… Oui mais encore… Qu’est-ce que d’une manière plus vaste, respirer signifie d’autre pour toi ?
Entrer en communication avec le monde qui m’entoure, m’emplir de l’énergie de la saison, expirer les tensions, la fatigue.
Respirer c’est aussi un tempo, un temps de suspension, d’enracinement dans l’instant.
C’est dans ce mouvement continu et rythmé, dans cet échange permanent entre l’intérieur et l’extérieur, l’essence même de la vie.
À quel(s) moment(s) de ta vie as-tu l’occasion de respirer « complètement » ?
Mes respirations « complètes » ponctuent mes gestes, mes pensées, mes activités, mon attention. Les plus complètes, les plus agréables : au réveil et à la mise au repos. Elles ouvrent à un temps de prise en compte, d’accueil à la conscience du contenu de l’instant vécu.
J’ai découvert que leur rythmicité porte l’empreinte de mon passé lointain de fumeuse, j’allumais alors une cigarette à chacun de ces moments où je ressentais le besoin d’une pause et de ressentir, grâce à la fumée, mes poumons s’emplir, puis d’expirer profondément le nuage de fumée.
Quelle est la place de la respiration dans ta pratique, au niveau théorique et au niveau pratique ?
Au plan théorique, outre et grâce à ses effets bien connus sur le plan de la régulation du stress, de l’expression des émotions, j’en attend une libération de l‘attention, un approfondissement détendu de la concentration.
J’en attends une amélioration de l’oxygénation et de la circulation sanguine, qui par leur rôle eutrophique sur le cerveau facilitent la prise et le traitement de l’information ainsi que toutes les actions cognitives qui s’en suivent jusqu’au raisonnement et à la prise de décision.
Dans ma pratique, la conquête de la respiration s’exercera pour certains grâce aux exercices respiratoires de la sophrologie. Pour certaines personnes viendront d’abord les exercices du cou, les exercices de détente des mâchoires, la libération du périnée, par des exercices de tension -détente de ces régions qui s’offrent souvent comme nid à de multiples tensions qui à leur tour restreignent l’amplitude de la respiration.
Quel(s) lieu(x) du corps tu aurais envie d’associer spontanément à la respiration ? Et quelle couleur associerais-tu à la respiration ?
Le plexus solaire, le diaphragme, le ventre, le périnée, le dos. Tous les lieux du corps qui participent à la respiration et peuvent aussi, par leurs tensions, la limiter, la bloquer.
La pleine respiration chatoie à mes yeux de toutes les couleurs d’un arc en ciel irisé.
Une petite histoire vraie autour de la respiration.
Estelle a accepté de venir à la séance car celle-ci fait partie de cette journée particulière de sa formation sur l’accueil de la personne âgée.
Lors des exercices elle soupire sur un mode « agacement », fait le mouvement négligemment puis se tend pendant la période de récupération et de repos. À la fin de la séance elle claironne « c’est de la foutaise ces trucs-là ». Puis se lève, baille à en avoir les larmes aux yeux et laisse, enfin, s’abaisser ses épaules.
Invente un texte de 3 lignes autour de la respiration, bâti comme un poème construit sur le modèle d’un Haïku : 3 vers. 1er vers 5 syllabes / 2e vers 7 syllabes / 3e vers 5 syllabes. Aucune obligation de Haïku c’est juste pour te donner un modèle. L’impératif est 3 « vers ».
Le merle chante
Aube grise, inspir doux
Aube bleue, silence, expir.