1 thème, 6 questions, 3 sophrologues
Transmettre – Véronique Pons
Le cœur battant de cette rubrique est dans le titre : un thème cher à la philosophie de notre métier est choisi ; 6 questions sont posées en forme de fil conducteur ; 3 sophrologues y répondent + 1 membre du conseil d’administration de la SFS.
Pour ce premier thème de l’année, Marcella a cette fois choisi Transmettre
Véronique PONS, sophrologue, journaliste, formatrice et coach, formée à l’ANC (Approche Neurocognitive et Comportementale)
Quelle est ta définition tout à fait personnelle de la « transmission » ?
La transmission demande de trouver le bon moment, celui qui va permettre à la personne à qui l’on transmet de recevoir et d’accueillir. Créer le temps c’est cela pour moi la transmission.
Qu’est-ce qui t’as été transmis personnellement et qui a plus ou moins changé le cours de ton existence ?
Il y a plus de trente ans, une amie m’a transmis le bouddhisme de Nichiren Daishonin. Ce bouddhisme, loin d’être soft, met la vie profonde d’une personne en mouvement sur un axe de plus en plus élargi : un principe appelé révolution humaine. Changer sa vie en profondeur agit en interdépendance avec son environnement. Un espoir de paix devient alors possible par cette révolution humaine partagée.
Et qu’est-ce que la pratique du bouddhisme m’a permis de changer ? Mon alcoolisme. Ainsi, le jour où j’ai mis ma plaque de sophrologue, j’ai demandé à mon mari (lui seul était au courant) : « Sophrologue ou sophrolique ? ». Au-delà de cette note d’humour, je souhaitais vraiment transformer cette addiction, invisible aux yeux des autres. Alors, entre mon travail de sophrologue (une de mes premières patientes était alcoolique) et ma pratique régulière du bouddhisme, j’ai pu arrêter toute prise d’alcool. Je suis devenue une alcoolique sobre. Cela fait 17 ans.
Transmettre oui mais transmettre quoi ? Qu’as-tu personnellement envie de transmettre dans ta pratique de sophrologue et dans ta vie en général ?
Percevoir la grandeur de sa propre vie même quand tu échoues, t’apprécier quand tu essaies et réessaies et échoues encore, et comprendre que ta fêlure peut devenir ta force. Comme le dit Michel Audiard : « Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. »
Ne pas avoir peur de sa vulnérabilité, l’accepter pour mieux rebondir, c’est ce que j’essaie de transmettre dans ma pratique de sophrologue. Un exemple récent : lors d’un coaching, j’ai entraîné deux collaborateurs d’une entreprise à animer, en binôme mixte, une plénière devant 700 personnes au palais des congrès de Toulouse. La jeune femme avait les émotions à fleur de peau. Elle s’en est ouverte pendant la préparation. Nous avons travaillé hémicorps et prana pour lui permettre de trouver sa place et renforcer sa stabilité intérieure. Le jour J, au moment de l’ouverture, lorsque son binôme l’a présentée au public, elle a été très applaudie et là, l’émotion est arrivée mais ne l’a pas submergée. Quand elle a repris la parole, la voix était vacillante, elle a essuyé une larme mais très vite elle a recouvré le contrôle et a pu reprendre le fil. Ce moment a donné à la Rencontre une empreinte de sincérité et de vérité humaine mais sans tomber dans le pathos. Elle m’a confié, ensuite, qu’elle avait contacté sa respiration et son ancrage au sol, justement pour éviter de perdre pied.
D’où ma définition de la sophrologie qui, encore une fois, fonctionne bien : la sophrologie est un entraînement à l’imprévu.
Si la transmission était symbolisée par un objet lequel choisirais-tu et pourquoi.
Un livre. C’est l’objet qui me transmet aussi bien des connaissances, de l’émotion, des histoires, de l’analyse, de la poésie que du plaisir.
Un parchemin, parce que ça vient de loin, c’est de l’écrit, parfois crypté, à décoder et que dedans il y a « chemin ».
Quel mouvement sophro proposerais-tu pour symboliser le verbe « transmettre » ?
Le prana parce que c’est l’ouverture au monde, aux autres et le retour à soi. Le mouvement part du plexus solaire, carrefour du système nerveux, pour dégager l’horizon. Il permet à la fois d’ouvrir devant soi et de sentir son dos, ses omoplates qui se resserrent selon l’amplitude du geste.
Je (te) transmets tu (leur) transmets elles-ils (leur) transmettent…
Construis un texte court en utilisant le verbe « transmettre » au temps de conjugaison de ton choix en y accolant un nom ou des noms. Laisse-toi aller à la liberté de la créativité.
Qui transmet à qui ?
Comment transmettre ?
Quand transmettre ?
Faut-il se mettre en transe pour mettre (dans le mille) ? Mettre quoi ?
Émettre ? Propager ? Diffuser ? Déléguer ?
Faire connaître ? Mais connaître quoi ?
That is the question.